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The Raid

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 3.6/5

vos avis

21 critiques: 3.88/5



Astec 3.25 Généreux...
Elise 4 Une bonne dose de bourrin qui se lâche sans restriction.
Ordell Robbie 3.5 Bancal comme actioner et comme polar noir. Mais d'une belle énergie.
Arno Ching-wan 3.5 Machette, quel film !
drélium 3.75 Vide total et baston royale.
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Généreux...

Généreux, brutal, divertissant... The Raid ne démérite vraiment pas mais reste loin de la claque espérée après toutes les critiques positives checké ici et là. Le film a le même problème fondamental partagé par une bonne partie de films de castagne martial extra HK : ce n'est pas le scénario mais la mise en scène/montage des combats qui n'est pas au niveau : plans qui trainent parfois en longueur, manque de concision et de rythme dans le découpage, manque d'inspiration dans la photo. Ce ne sont pas les qualités des acteurs, ou leur implication qui me gène mais bien la "valeur chorégraphique" d'ensemble, la valeur chorégraphique dans sa dimension cinématographique. C'était déjà le même problème avec le précédent film de la même équipe (Merantau). C'est mon problème avec pas mal d'autres films thai/malaisien etc... 50 ans de savoir faire dans les chorégraphies martiales (et les chorégraphes/réa qui vont avec) ne se compensent pas aussi facilement.

17 septembre 2012
par Astec




Machette, quel film !

Vendredi soir. Il est tard, je rentre dans mon appartement au quatrième étage, au bout du couloir après l’ascenseur. Sur les côté se trouvent les portes des logements voisins. Il va me falloir arriver jusqu’au mien ! Peu rassuré, je me prépare, sors les clefs de ma poche, prends appui sur le carrelage d’un pied, fixe mon objectif et m’élance. Je cours sans m’arrêter et, une fois devant la porte, vise parfaitement la serrure puis d’un mouvement bref et précis je l'ouvre. Je me précipite à l’intérieur et m'enferme illico à double tour. Ouf !

C’est stupide, je sais, il n’y a aucun risque à se balader dans ce couloir. Au pire, ma vieille voisine m’aurait demandé de sa voix tremblotante de la dépanner de quelques œufs. Oui mais voilà, je viens de voir The Raid et baigne encore dans la paranoïa ambiante. 



Aller voir The Raid alors que je nage toujours dans la très respectée série policière américaine The Wire, étudiée en sociologie, qui de son côté s’échine à éviter toute forme de manichéisme pour décrire de la façon la plus réaliste possible truands et flics au sein d’un microcosme, une cité de Baltimore, où tous les points de vue nous sont proposés brut de décoffrage, cela peut de prime abord sembler décalé. Parce que si avec ce ride gallo-indonésien je m’attendais à du chouette bourrinage décomplexé, j’avoue que sur le fond je pensais au mieux n’avoir rien à me mettre sous la dent, au pire me prendre dedans (les dents) une morale à balle-deux sur le bien, le mal, la drogue etc. Ô surprise, il y a du contenu thématique dans cet environnement.

Lorsqu’on veut absolument représenter le réel, dans la plupart des cas c’est l’absurde qui finit par se pointer, vertigineux et effrayant, impalpable et incontrôlable. La réalité est absurde, la voilà la vérité vraie, ce que d’ailleurs un film sous-estimé comme le Burnt After Reading des frères Coen, qui payèrent là joliment leur tribu à Ionesco, un de leurs maîtres à penser, démontre admirablement mais, défaut de ses qualités, au dépend du spectaculaire et de l’empathie. Tandis qu’avec le genre ça n’est pas la consternation du réel qui prédomine mais plutôt l’abstraction, l’exagération. Aussi, avec cet immeuble dessiné grossièrement, ces couloirs issus d’un quelconque film d’horreur à la Silent Hill, ces vilains improbables qui se battent tous comme Tony Jaa - spéciale dédicace à mon laborantin « Joe Coudcoudes » -, une certaine perception de la réalité nous est également proposée. A balayer d’un coup de pied rotatif ? Certainement pas. En attendant de découvrir le brésilien Tropa de Elite 2 qui apparemment dissémine cette même réflexion sur les pourtours d’un film d’action, en bout de course de ce monument de tatanage le réalisateur de Merantau nous laisse avec deux entités équilibrées. Si d’un côté on trouve les forces dites de l’ordre et de l’autre des individus en marge de la loi, la définition du mal dépasse cette frontière factice et facile. Lorsque l’on est du côté des mafieux, avec un statut, c’est à dire une forme de reconnaissance, donc d’existence, c’est ce ressenti de l’existence qui nous sert de moteur. De raison de vivre, sans perspective d’en obtenir jamais une autre. A cette existence de trouver justification, en opposition à une justice forcément corrompue. Et l'on ne parle pas de la possibilité toute simple de manger à sa faim.

A mes yeux, cette démonstration procure une grosse valeur ajoutée, enrichit et compose cette nouvelle date dans notre cinéma hormonal préféré. The Raid dépasse ses quelques emprunts aisément identifiables (Piège de cristal, Hard Boiled - qui déjà.. -, Assault on Precinct 13, Léon, Final Option, Tom Yum Goong…) pour se suffire à lui-même, écraser sans peine quelques cousins, dont font partie les quelques illustrations de l’art martial du parkour qui sombrent définitivement dans l’anecdotique, et s’imposer comme un nouvel Everest à dépasser. Non seulement l’action y est dantesque mais elle y est aussi génialement amenée à l’aide d’une excellente maîtrise des crescendos, de la tension. Le dosage est au poil, le shoot d’adrénaline impeccable. Rarement un film dit d’action pure aura aussi bien tenu la distance, sachant rebondir avec un scénario malin, quelques échappées respiratoires bienvenues et des chorégraphies toutes plus jubilatoires les unes que les autres. C’est excellemment bien rythmé tout ça et dépasse la série B foutraque HK de type Tiger Cage 2 ou Extreme Crisis (j’aime bien, j’assume) avec en guise de cerise sur le gâteau non pas une cage à pigeons sur un immeuble – coucou Ghost Dog ! – mais LE générique final ultime pour tout fan d’action qui se respecte. Habituellement, on y voit défiler les interprètes de facteurs, passants, témoins et autres standardistes avant de nous poiler, enfin, devant l’énumération des cascadeurs interprètes des Swats 1 à 8. Là on assiste à un défilé impressionnant d’artistes martiaux – dont mon Joe Coudcoudes, labo guard n°7 -, tous héros de ce morceau de bravoure fait par un amoureux à la fois du genre et des amoureux du genre.

The Raid est un véritable miracle en cela, aussi, que ses nombreux défaut servent le propos. La représentation des lieux un peu aléatoire nous fait perdre nos repères et nourrit le sentiment d’insécurité tandis que le vilain Mad Dog est trop mis en avant au dépend d’Uwais, ce qui étonnamment empêche toute propension à la starification égocentriste de notre personnage principal et équilibre assez sainement les enjeux. Dans le scénario, ce sont les flics qui déclarent la guerre en flinguant un gosse pour l’empêcher de sonner l’alerte. Quel parti prendre à cet instant, franchement ? Un peu plus tard un twist arrive et casse d’abord une ambiance géniale à la John Carpenter, héritée d’ailleurs de Hawks, manichéenne (l’appréciation de la nuance, on le sait, conduit à l’échec), pour ensuite enrichir les enjeux, le « champs de l’emprise » cher à Tsui Hark dont j’ai causé il y a peu (et qui a pondu un The Raid lui aussi, tiens, en 1991) et donner une ampleur certaine au final. D’habitude, lorsqu’on attend trop d’un film, on est déçu. Là, non. C’est assez rare pour être souligné.

23 juin 2012
par Arno Ching-wan


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